EDITO DE J.M THEVENET (PILOTE NUMERO 111 - AOÛT 1983)


 

Que de bonnes choses pour ce numéro d'août. Non pas qu'il s'agisse de faire dans l'immédiate auto-satisfaction mais il est vrai que les purs et durs bédéphiles seront récompensés dans les mois à venir. D'abord avec le nouveau Cartland, Silver Canyon, 7e histoire d'une série qui a réussi à prendre avec talent et énergie le relais d'un genre, le western, qui semblait définitivement lié aux seules signatures de Jijé ou Gir.

Et puis bonheur de voir enfin Cartland en couleurs, ce Blanc-Dumont, que Druillet surnomma longtemps Blanc d'Espagne, à encore quelques beaux albums devant lui, en plus les femmes qu'il dessine commencent à se dévêtir... Toujours le retour aux sources avec Mézières/Christin pour Les Spectres d'Inverloch. 1983 sera l'année Christin puisque Pierre nous réserve d'autres surprises avec Annie Goetzinger et La Voyageuse de la Petite Ceinture. 

Rappelons-nous qu'il y a déjà quelque temps leur tandem avait commis La Demoiselle de la Légion d'Honneur provoquant un grand remue-ménage dans le coeur des jeunes filles et des institutions. Bien sûr quand on prononce le nom de Christin on pense de suite à celui de Bilai. Et saluons une dernière fois leur performance avec Partie de Chasse. Album de légende déjà par le mode de parution dans Pilote (sic)  : nous étions à la fois des témoins privilégiés et frustrés et puis parce que, au grand jamais, une histoire en bandes dessinées, avec tout ce qu'a de péjoratif cette expression, n'a eu un aussi bon accueil dans les médias.

Presse quotidienne, télévision, tout le monde s'en est mêlé. Même le Matin, pour ne pas le citer, s'est risqué à une accroche en première page. A signaler également une nouvelle série "Olivier Desormeaux" de Richard de Muzillac et Diego de Soria  : deux auteurs inconnus, dont un étranger, pour une histoire sur fond, mais juste vraiment le fond, de Moyen-Age avec des dialogues d'un tel modernisme qu'il est difficile d'en dire plus. Sinon retrouvez nos jeunes stars Baru et Philippe Bertrand, grâce à eux je reçois mon lot quotidien de lettres... c'est bon... Il est vrai que dans le monde de la bande dessinée, c'est encore bonjour l'obscurantisme, nous parlions de Moyen-Age là on pourrait pousser jusqu'à l'Inquisition

Quand arrivera ce jour où il faudra moins de quinze années de laborieux efforts pour reconnaître un auteur ? Amateurs de chili con carne, retrouvez les Anges d'Acier des deux Victor — Mora, de la Fuente — bande clin d'oeil au cinéma tant chéri par ceux qui furent élevés à coups de Gary Cooper dans Wings ou de James Cagney dans Ceiling Zero — dixit l'auteur.

Voilà l'orage, je vais rentrer mon linge. 

J.-M. Thévenet